Synthèse sur la Renaissance et l'Humanisme
La France au XVIe Siècle : La Renaissance et l’Humanisme
- Définition et contexte
La Renaissance est le résultat d’une diffusion généralisée (invention de l’imprimerie) d’une nouvelle vision du monde (découvertes géographiques) et de l’Homme (redécouverte de l’héritage antique dans les manuscrits rapportés de Constantinople) au détriment du dogme religieux (à cause des abus de l’église).
Ce phénomène qui s’est diffusé dans tous les domaines de la connaissance et de la vie, a pris naissance en Italie au début du XVIème siècle, en raison de la position stratégique et de la prospérité économiques des cités italiennes, de leurs dirigeants enfin (Borgia à Rome, Médicis à Florence…), qui pratiquent le mécénat et encouragent les arts et les lettres.
Ce n’est qu’avec le début des guerres d’Italie (1494) menées successivement par Charles VIII, Louis XII et François Ier que la Renaissance passa en France, principalement sous le règne du roi mécène François Ier qui réussit à attirer à sa cour nombre d’artistes et penseurs italiens tel que l’illustre Léonard De Vinci.
Les deux grands courants de pensée qui dominèrent le XVIe siècle furent le mouvement religieux de la Réforme et le courant d’idées de l’humanisme qui étaient tous deux issus de la même volonté de revenir à la pureté des textes originaux et de se livrer à une critique libre et constructive des institutions culturelle, religieuse et politique.
La Réforme protestante, initiée par Martin Luther en Allemagne (publication des 95 thèses à Wittenberg en 1516), s’incarne dans une pratique de la religion chrétienne plus simple, plus claire et plus accessible. Condamné par l’Église catholique, puis par les autorités religieuse et politique françaises, la Réforme fut réprimée, ce qui engendra une série de guerres civiles appelées « Guerres de Religion ».
Le courant humaniste place l’être humain, sa vie et ses valeurs au-dessus des autres valeurs (religieuses, politiques, économiques, nationales…). Ce courant avait assimilé l’idée de la relativité de valeurs autrefois considérées comme absolues. Il prônait tant le respect de l’individu que la liberté de pensée et de croyance et revendiquait une nouvelle rigueur intellectuelle, fondée sur des méthodes scientifiques, intégrant l’expérimentation, et un retour à l’étude des textes de l’Antiquité grecque et latine.
- Impact de la Renaissance sur la Littérature
La Réforme et l’humanisme apportèrent un profond renouvellement, tant formel que thématique, dans les Lettres françaises. La langue littéraire du XVIe siècle est remarquable par sa richesse ; les œuvres de ce temps le sont par leur grande variété, par leur vivacité et par leur liberté de ton.
- Poésie
3.1. Clément Marot La poésie revint à un ton plus simple et naturel avec Clément Marot. Poète de cour, ce dernier fut inquiété pour ses sympathies à l’égard de la Réforme et mourut en exil. Il fut l’auteur de traductions (Ovide, Pétrarque) et se distingua par ses vers satiriques (l’Enfer, 1542), ses poèmes de circonstance (l’Adolescence clémentine) et par sa poésie lyrique inspirée de l’antiquité. Il introduisit l’épigramme, l’épitre et le sonnet italien en France et inventa la forme du blason.
3.2. Maurice Scève et l’Ecole lyonnaise L’école lyonnaise, d’inspiration pétrarquiste et néo-platoniste, témoigna également de l’influence italienne sur la poésie française. Maurice Scève, auteur d’un cycle amoureux plaintif, Délie, objet de plus haute vertu (1544), fut le chef de file de cette école. À ses côtés, Louise Labé, auteur d’élégies et de sonnets, se prononça en faveur d’une plus grande indépendance des femmes et revendiqua pour elles l’accès à l’éducation.
3.3. La Pléiade : Avec le manifeste poétique intitulé Défense et illustration de la langue française (1549), de Joachim du Bellay, le groupe de la Pléiade posait les fondements de la poésie moderne en affirmant la beauté singulière de la langue française ; il préconisait aussi le renouvellement des formes et du vocabulaire poétiques. Rassemblés autour de Pierre de Ronsard, les principaux membres de la Pléiade furent le philologue Dorat (1508-1588), grand connaisseur des Anciens, Rémi Belleau, Jean Antoine de Baïf, Pontus de Tyard, Étienne Jodelle et Joachim du Bellay.
Animateur du groupe, Pierre de Ronsard fut considéré de son vivant comme le plus grand poète lyrique de son temps. Il pratiqua des genres divers, adapta l’ode antique et mythologique dans ses Odes (1550-1552), s’essaya brillamment au sonnet pétrarquiste dans ses Amours (1552), cependant il est également considéré comme le poète des princes en raison de son engagement auprès du roi et de sa pratique des poésies de circonstances, il est l’auteur d’une épopée relatant l’origine du royaume de France, la Franciade (1572).
Du Bellay, son rival et ami, brilla surtout dans le ton du lyrisme plaintif et mélancolique (même s’il s’est également essayé à la poésie amoureuse dans son recueil Olive) ; on lui doit entre autres un recueil de sonnets, les Antiquités de Rome (1558), où il se livre à une méditation sur la grandeur de Rome pour mieux déplorer sa décadence. D’une tonalité plus intime, les poèmes des Regrets (1558) font état de la nostalgie de la France qu’il ressentit lors de son séjour à Rome.
- Récit
Le XVIe siècle fut un siècle fécond dans le domaine de la littérature d’idées. Cependant, la politique et la religion, mais aussi l’éducation et la science, étaient des sujets délicats : le recours à la fiction narrative, avec les déguisements qu’elle permettait, fut souvent pour les auteurs un moyen d’exprimer des idées audacieuses de façon détournée. La fiction avait en outre l’avantage d’enseigner, de provoquer la réflexion, tout en distrayant.
4.1. Œuvre de Rabelais : enseigner et distraire
François Rabelais fut l’un des maîtres du récit ludique et didactique. Esprit humaniste cultivé, contestataire et inventif, il mêla, avec une étonnante inventivité verbale, tous les registres de langue, sans craindre d’emprunter les procédés des écrits populaires (alliance du merveilleux et du réalisme, recours à l’exagération comique et au grotesque, ton de la satire, scènes de farce et gauloiseries) pour aborder les grandes questions de son temps : l’éducation, la guerre, la liberté de pensée confrontée à l’obscurantisme religieux.
La liberté de ton de Pantagruel (1532) et de Gargantua (1534), ses écrits les plus célèbres, ne se retrouve pas tout à fait dans le Tiers Livre (1546), ni dans son Quart livre (1548), nettement moins satiriques. Le masque de la fiction, en effet, ne l’empêcha pas d’être l’objet des foudres de la Sorbonne, et il dut peu à peu mettre un frein à ses critiques à l’égard des institutions.
- Littérature d’idées et invention de l’essai
Le XVIe siècle français fut marqué par un débat d’idées sans précédent. Cependant, ce débat fut loin d’être ouvert et facile : la censure obligea de nombreux auteurs à s’exiler ou à limiter leurs audaces. Nombre d’entre eux exprimèrent leur pensée politique ou religieuse dans des genres tels que la poésie (Marot) ou le récit (Rabelais), espérant, par le déguisement littéraire, atténuer aux yeux des censeurs la portée de leur discours souvent en vain.
Dans le domaine de la littérature d’idées à proprement parler, le XVIe siècle fut marqué par la recherche de la simplicité : loin de multiplier les contraintes de langue (rhétorique, lexique, syntaxe) ou de structure, les ouvrages de cette catégorie tendirent à la simplicité, de façon à toucher le plus grand nombre de lecteurs.
5.1. Montaigne et l’essai
Le désir d’échapper aux contraintes formelles engendra un genre nouveau, l’essai, inauguré avec les Essais (1572-1592) de Michel de Montaigne. Inspiré par une pensée à la fois humaniste et stoïcienne, cet ouvrage, d’une nature sans précédent, rend bien compte des interrogations de l’époque et exprime notamment un relativisme absolu en matière de connaissance.
Montaigne y recense quotidiennement ses réflexions et ses humeurs, ses réactions sur telle lecture, telle conversation, tel événement politique, selon une structure très libre et dans un style sans ornement ni emphase, qui multiplie citations et digressions sans craindre de nuire à la cohérence du propos. L’auteur cherche à y saisir la nature humaine à travers l’analyse de sa propre personnalité ; il tente aussi de formuler clairement les principes qui peuvent aider l’Homme à connaître un bonheur serein, fondé sur l’acceptation de son sort et sur l’exercice raisonné de sa liberté.